Pourquoi les noms malgaches sont-ils si longs?

Madagascar, la terre d’Andriantsimitoviaminandriandehibe

Parce qu’ils en disent long sur ceux qui les portent. Une histoire, un destin, un vœu inscrit au plus profond de soi. Mais les temps ont changé.

Il est des noms incontournables, entrés dans l’Histoire, ou qui occupent l’actualité. Or même les journalistes trébuchent sur ceux de personnes, notamment politiques, dont ils traitent.

Si désormais on sait comment prononcer Gbagbo, à Madagascar, crise politique oblige, les noms de Marc Ravalomanana et de Andry Rajoelina causent également quelques soucis.

Dans leurs rapports avec les vazaha (étrangers), les Malgaches sont bien conscients et se gaussent du choc que peut susciter leurs noms. Mais parfois, rien n’y fait, ça coince, ça bute, ça écorche, ça gêne. Pourquoi les noms malgaches sont-ils si longs?

A chacun son nom, signe du destin

Parce qu’ils signifient beaucoup de choses —c’est le moins que l’on puisse dire. Un nom malgache a toujours un sens, littéral, mais il peut donner lieu à certaines interprétations. Sonder les noms malgaches, c’est pénétrer au cœur de la mentalité et des coutumes de l’île. Un univers qui diffère totalement des représentations occidentales.

Originellement, à Madagascar, il n’y a pas de noms patronymiques que l’on se transmet au sein d’une même famille: un nom se rattache à un individu unique. Il n’est pas rare de constater que des frères et soeurs ne portent pas le même nom. C’ est surtout vrai au sein des anciennes générations de Malgaches.

Le choix et l’attribution d’un nom à un enfant, généralement par les parents, relève de divers critères et circonstances. Reste qu’il n’y a pas de règles communes partagées dans toute l’île, empreinte d’une diversité culturelle remarquable.

Le linguiste Narivelo Rajaonarimanana souligne que «le nom malgache n’est pas une étiquette. C’est un souhait, un destin, une parole qui contredit un mauvais destin, un souvenir du jour de naissance, une combinaison de noms de parents ou d’ancêtres». Autant de circonstances qui occupent une place primordiale à Madagascar, une île que ses habitants considèrent comme la «terre des ancêtres», tanindrazana.

Certains noms affichent une lignée d’un ascendant à qui l’on veut faire honneur, rendre hommage. Ainsi, les préfixes zafi- (petit-fils, petite-fille) et zana- (fils ou fille, étant donné qu’il n’y a pas de distinction de genre en malgache) sont souvent utilisés. Mais un nom peut aussi faire référence à la qualité de parent, d’où les préfixes rai- (père) et reni-, (mère).

Par ailleurs, sur les hautes terres centrales de l’île, le préfixe Ra-, qui est une marque de politesse, est souvent présent au début du nom. Autre récurrence dans les noms des gens des hauts-plateaux, le terme andriana qui signifie noble, prince.

«L’astrologie joue un rôle important pour l’attribution des noms», note Rajaonarimanana. Cette pratique est très vivace en milieu rural, où l’on peut faire appel à un ombiasy (devin) et où l’on a également souvent recours à l’horoscope.

Une étude réalisée par Samuel Rasolomano et publiée en 1905 par le journal Mitari-dàlana recense 24 sources d’inspiration pour les noms malgaches. Parmi elles, l’expression du caractère (physique ou moral), de l’amour filial (vœu d’un amour parfait, d’avoir un remplaçant etc.), le prestige (richesse, honneur etc.) sont les plus fréquentes, avec l’astrologie. Ainsi, «les noms sont à usage mnémotechnique pour se souvenir du destin d’une personne».

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Publié le 3 décembre 2014, dans Madagasikara - Histoire, et tagué , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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