Archives du 27 mars 2015

MADAGASCAR – Emeutes à Mananjary, bilan: 4 morts.

Le titre est de la rédaction de Tsimok’i Gasikara.

Pas du tout gaie la pagaille

C’est une nouvelle catastrophe qui est survenue dans la localité de Mananjary, au sud-est du pays, au cours des derniers temps, avec du sang versé et des nouveaux morts. La pagaille a gagné du terrain. C’est un foyer de tension de plus que les autorités doivent gérer. Surtout parce qu’il y a eu des morts en raison de la violence. Etant donné que cette émeute est survenue à la suite d’une bavure de la gendarmerie, les autorités locales et l’Etat central ont un grand rôle à jouer pour faire régner le calme.

Il faut voir les choses en face, en effet. La colère de la population, qui s’en est pris à des symboles de l’Etat et des forces de l’ordre, est très compréhensible à partir du moment où ce sont les gendarmes qui sont à l’origine de la pagaille, en s’en prenant à un innocent. On peut qualifier de « rébellion » ou de « révolte » le mouvement de foule qui a marqué au cours des derniers temps Mananjary. Mais cela n’a rien de surprenant puisque c’est l’un des leurs qui a péri sans motif valable. N’importe où, dans le monde, une bavure de la part des forces de sécurité débouche sur une émeute violente. Il fallait bien gérer la situation pour éviter de verser du sang.
Ce genre de pagaille, survenu à un moment où personne ne s’y attendait, risque toutefois, au bout du compte de coûter cher aux dirigeants du pays. Etant donné que, cette fois-ci également, les émeutes se sont déroulées à plusieurs centaines de kilomètres de la capitale. Il est généralement moins compliquée de gérer une crise quand elle se trouve à des kilomètres de l’épicentre de la gestion des affaires nationales. C’est ainsi, par exemple, qu’en 1971, les autorités se sont permises quelques milliers de morts sous la répression violente des gendarmes dans la partie Sud de Madagascar.
L’affaire Mananjary sera étouffée tranquillement loin des yeux des habitants de la capitale. Mais il sera difficile toutefois de cacher les réalités à la population. Les photos commencent déjà à être publiées sur les réseaux sociaux sur internet. Mananjary va devoir enterrer ses morts sans pouvoir les venger. Car cela n’est pas permis dans une civilisation moderne.
Les dirigeants Malgaches avaient eu de la chance que toutes les pagailles de ces derniers mois aient lieu loin d’Antananarivo. Mais quand le jour viendra où les incidents se passent dans la capitale, il va falloir commencer à envisager l’avenir autrement, sur le plan politique. On peut surmonter des difficultés plusieurs fois, mais on ne peut pas avoir de la chance indéfiniment.
Dans les semaines et les mois à venir, les hommes qui dirigent le pays doivent trouver les meilleurs moyens d’éviter les scandales de ce genre. Car tout peut arriver dans un contexte marqué par la lassitude et la déception. C’est pourtant le cas actuellement.

J. Nantenaina