Mali/Algérie : Premiers dommages collatéraux

Par Hakim Merabet

L’Algérie risque d’être attirée malgré elle dans le bourbier malien. On n’est hélas plus au stade des supputations puisqu’on vient d’avoir sur les bras, une grosse affaire de prise d’otages étrangers à l’intérieur même d’une base de vie sur le site gazier d’In Amenas.

L’autorisation accordée par l’Algérie à l’armée française de survoler l’espace aérien pour aller bombarder les positions terroristes au nord du Mali, ne serait pas étrangère à cette attaque terroriste inédite contre un site censé être bien surveillé. Il n’est un secret pour personne que la France ne désespère pas de voir l’armée algérienne fouler aux pieds son principe de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays.

Tout le monde sait que l’armée française ne pourra pas réussir sa mission au Mali même aidée par des escouades de soldats africains. Au-delà du nombre modeste de soldats mobilisables, les forces françaises présentent un défaut de méconnaissance de la région du Sahel et les renseignements suffisants pour déjouer les plans des terroristes.

Et dans ce registre, tout le monde reconnaît le métier et l’expérience des militaires algériens qui ont déjà eu à faire face à ces hordes sur le territoire national des années durant. Il était donc quasiment indispensable que l’Algérie fasse un peu plus que d’ouvrir son espace aérien aux chasseurs français. Et, une semaine après le début de l’offensive, force est de constater que l’armée française traîne le pas dans une guerre au bilan plutôt en pointillés…

Travail “d’experts”…

Le front anti intervention algérienne au Mali ne cesse de s’agrandir au niveau interne. Des partis politiques à l’image du PT et aujourd’hui du FFS n’ont pas hésité à critiquer la décision des autorités d’avoir autorisé les avions de guerre français à survoler notre territoire.

Les Algériens sont en général chatouilleux dès qu’il s’agit d’aller combattre ailleurs. Ceci d’autant plus que l’Algérie a lutté seule, absolument seule contre le terrorisme islamiste une dizaines d’années durant. Aussi, la non ingérence dans les affaires internes des pays étrangers constitue une constante nationale de la doctrine diplomatique algérienne.

Or, cette autorisation de survol des avions de guerre français, bien qu’elle vise les terroristes, constitue une entorse à cette sacro-sainte règle de conduite héritée de l’ALN. Il y a comme une gêne chez beaucoup d’Algériens de voir que les autorités aient fait machine-arrière s’agissant de la stratégie à adopter vis-à-vis du Mali.

Punition ?

Après avoir longtemps défendu contre vents et marrées la solution politique, en convainquant même les Américains, les responsables ont étonné tout le monde en s’impliquant de manière claire dans l’effort de guerre même si, pour l’instant, les soldats algériens ne sont pas sur le front.

C’est pourquoi, cette attaque terroriste contre la base de vie de BP à In Amenas, est décryptée comme une sorte de “punition” ou comme un action devant appeler une réaction concrète; c’est-à-dire entrer carrément en guerre aux côtés de l’armée française.

Cela inquiète beaucoup en Algérie surtout que d’autres sources évoquent la possibilité d’actions terroristes dans les camps de réfugiés sahraouis où des chefs d’Aqmi et du MUJAO seraient arrivés ces derniers jours. Inutile de sortir de Saint Cyr pour comprendre les motivations de telles rumeurs aussi malfaisantes et dérangeantes pour l’Algérie.

On sait désormais que pour “enrôler” l’Algérie sur le front du Mali, tous les coups sont permis. Y compris ceux en dessous de la ceinture… L’attaque d’In Amenas est en l’occurrence le premier dommage collatéral d’un semi engagement au Mali.

http://www.algerie1.com/zoom/malialgerie-premiers-dommages-collateraux/

 

 

Publié le 16 janvier 2013, dans AFRIQUE, Françafrique, France, Mali, et tagué , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

Laisser un commentaire