Somalie – L’échec français contre les shebab

Des combattants du mouvement islamiste Shebab, en février 2011.

Ce n’était pas une mission de l’ampleur de l’opération Restore Hope lancée en Somalie par les Etats-Unis sous l’égide des Nation Unies en 1993.

Mais l’assaut conduit par la France dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013 contre une cellule des shebab somaliens retenant en otage un agent français de la DGSE, fut tout de même un échec de taille.

Au lendemain d’un rude week-end pour les services de sécurité extérieurs français, la majorité des analystes reviennent eux aussi sur cette idée d’un «échec français» en Somalie.

Jean-Dominique Merchet, journaliste à l’hebdomadaire Marianne et rédacteur du blog Secret Défense, ouvre ainsi son dernier post avec l’aveu de la DGSE après le ratage en Somalie: «c’est vrai, c’est un échec» ont concédé les services français.

Le déroulé exact de cet assaut, entouré de mystère de par la nature de l’opération et la profession de l’otage, commence à peine à faire sens. Des informations nous parviennent ici ou là, provenant à la fois des services français et des shebab.

Le raid lancé dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013 par la France sur une maison de la localité de Bullo Mareer, à une centaine de kilomètres de Mogadiscio, où était retenu Denis Allex, a mené à la mort de l’otage et à celle d’un membre du commando français.

Allex avait été enlevé il y a trois ans et demi.

Planifié plusieurs mois à l’avance, l’opération fut lancée au moment où les négociations avec le groupe islamiste apparaissaient impossibles, nous révèle Jean-Dominique Merchet.

«Le président François Hollande a donné son feu vert dans les dernières semaines, laissant à la DGSE et aux militaires le soin de déterminer le moment exact, en fonction de considérations techniques et météorologiques. Par une incroyable coïncidence, pourtant bien réelle, l’opération a eu lieu en même temps que celle du Mali, sans qu’il n’y ait de liens entre elles», ajoute le journaliste.

Jean Guisnel du Point a expliqué que l’opération, une des plus ambitieuses lancées par la France ces dernières années, avait mobilisé cinquante hommes conduits sur les lieux du rapt dans 6 hélicoptère qui avait décollé du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral.

En plus de la DGSE, elle fut élaborée avec le COS (commandement des opérations spéciales) ainsi que les trois armées.

Des déclarations plus récentes émergent progressivement, en provenance cette fois du camp des shebab.

Les islamistes viennent en effet de diffuser, ce 14 janvier 2013, la photographie du cadavre d’un soldat français, blessé lors de l’opération et jusqu’ici porté disparu.

«Notre équipe médicale a tenté de l’aider, mais il n’a pas eu de chance. Sa blessure était grave» a indiqué un porte-parole du groupe islamiste cité par le site du Figaro.

La légende de la photographie publiée par les shebab sur leur compte Twitter, et rapportée par le site du quotidien Le Figaro, révèle d’ailleurs les propres questionnements du public français: «Le commandant français tué durant l’opération de secours bâclée à Bulo Marer» ont titré les militants islamistes.

Contre toute attente, les shebab affaiblis par un Etat somalien relativement plus présent et légitime, prouvent donc qu’ils possèdent toujours des relais au sein de la population, ainsi que des militants et l’armement nécessaires pour contre-attaquer face une force armée spéciale internationale.

 

Source: SlateAfrique

 

 

Publié le 15 janvier 2013, dans AFRIQUE, Médiamensonges, et tagué , , , . Bookmarquez ce permalien. 1 Commentaire.

Laisser un commentaire